Emploi : en entreprise, un sénior est plus rentable

Emploi : en entreprise, les seniors sont plus rentables que les jeunes
Les entreprises qui ont grandi le plus vite, dans le secteur des nouvelles technologies, avaient un patron dont l’âge moyen défie les clichés, 45 ans, selon le Census bureau américain et le MIT.
Voilà qui bouscule les idées reçues : les seniors seraient plus productifs dans l’entreprise que les jeunes, selon une étude de l’équivalent de l’INSEE aux États-Unis, le Census Bureau, et du MIT, la prestigieuse université de Boston, sur l’âge des entrepreneurs. À partir d’une base de données considérable, ils ont établi que les entreprises qui ont grandi le plus vite, dans le secteur des nouvelles technologies, avaient un patron dont l’âge moyen est de 45 ans.

Plus encore, les patrons de 50 ans ont 1,8 fois plus de chance de réussir que ceux de 30 ans, tandis que ceux de 20 ans ont le plus de risques d’échouer de toutes les générations. Des chiffres qui contredisent et le catéchisme des start-ups, et les assertions du fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, selon qui “les jeunes sont tout simplement plus intelligents”.

Cela s’explique avant tout par l’expérience. Ce sont des patrons qui ont déjà connu et le succès, et l’échec. Ils savent choisir leurs collaborateurs, parce qu’ils ont les ressources psychologiques pour identifier les personnalités qu’il leur faut. L’étude montre d’ailleurs que même pour les entreprises innovantes, les plus de 50 ans font mieux, alors que les jeunes, “digital natives”, nés avec le numérique, sont réputés plus familiers des nouveaux usages.

Des salariés âgés fidèles et plus consciencieux

On retrouve ces qualités pour les salariés des entreprises, explique une enquête du Financial Times, le journal économique britannique. La plupart des entreprises concentrent leurs efforts sur les jeunes, en partant du principe que c’est un bon investissement. On les forme, on les augmente, on les chouchoute.

C’est idiot, selon le magazine, car ce sont les jeunes qui changent le plus d’employeurs. En moyenne, les salariés entre 25 et 34 ans restent 2,8 années chez un même employeur, alors que c’est 10 ans chez les 55-64 ans. Autrement dit, tout l’investissement fait sur un jeune profite très rapidement aux concurrents ! Alors que les seniors sont en général plus consciencieux, moins absents au travail, et ils ont de bien meilleures qualités relationnelles.

L’investissement sur un jeune profite aux concurrents.

Pourtant, les employeurs se séparent souvent de leurs salariés dits âgés, les plus de 50 ans, même si cela est en train de changer. En France, le taux d’emploi des 55-64 ans a considérablement progressé. En 2003, il n’y a pas si longtemps, il n’y avait qu’un senior sur trois au boulot. Aujourd’hui, c’est 52 %, un peu plus d’un sur deux. Cette très forte augmentation est causée par l’allongement de la durée de cotisation pour la retraite, qui a changé les habitudes des salariés et celles des employeurs.

Cela varie considérablement en fonction de l’âge. Les 55-59 ans sont 71 % à travailler et les 60-64 ans, 32 %. Une proportion qui a très fortement progressé pour les deux catégories, sur les quinze dernières années. Il est très probable que ces chiffres progressent encore, sous l’effet de la prochaine réforme des retraites. Et c’est souhaitable, au moins pour les métiers qui n’usent pas physiquement, pour éviter le déséquilibre des régimes de retraites.

Dans les pays de l’OCDE, il y a aujourd’hui en moyenne 42 personnes inactives, retraitées ou chômeurs de plus de 50 ans, pour 100 actifs. Si les tendances actuelles se prolongent, dans trente ans, ce sera 58 inactifs pour cent actifs. Et dans certains pays vieillissants comme l’Italie ou la Grèce, il pourrait y avoir 100 retraités pour 100 actifs. Un désastre pour le financement des régimes de retraite.